Un écrivain à succès, fatigué des concessions et compromis, décide de rompre de façon spectaculaire d’avec une vie d’imposture en annonçant publiquement qu’il cesse d’écrire ( et tout ce qu’implique cet art parfois populaire ). Perplexe quant à ce qu’il va faire désormais de sa vie, il « s’offre » une année sabbatique laquelle est peu à peu envahie par le vide, la dépression et l’angoisse pure et sans pitié. C’est alors qu’il rencontre, un jour d’orage, dans une galerie où il a trouvé refuge, le fascinant portait photographique d’un homme, nu, qui réanime son désir de créer, mais cette fois, à partir de l’humain réel : il va devenir « copiste des âmes humaines » et faire d’une écriture concise, introspective, symbolique, condensée, le portait littéraire d’hommes et de femmes en recherche d’eux-mêmes …
Dans un cadre à la fois dépouillé et significatif, de lumières, de matières et de sons, il crée le rituel qui va lui permettre une rencontre vraie et intime , répétée et intense, avec des inconnus qu’il va, tour à tour, croquer, en leurs dons et degrés.
Chacun d’eux témoignera de ce que cette expérience l’aura transformé et soigné à maints égards, et que le portrait de leur personne, en produit en un jet synthétique de génie aura pu bouleverser son existence.
Intime, proximal, macro-photographique et télescopique, oublieux de soi, en rappel à l’autre, sensitif, cette nouvelle art-thérapie s’il en est, n’est pas sans danger … attention, Grand Icare, chaud devant !
Éditeur : GALLIMARD (2014)
» Dans le soin des détails, ⌈Mr Gwyn⌉ trouvait un apaisement immédiat. »» … pour tenter de trouver remède aux crises ⌈d’attaque de vide⌉ … il s’adonna à un exercice … ⌈qui⌉ consistait à vivre lentement, en se concentrant sur chaque geste ….Ainsi, avant d’enfiler ses chaussures, il les regardait, en évaluait la grande légèreté, et appréciait la souplesse du cuir. En les laçant, il évitait de se laisser aller à un geste automatique et observait dans le détail la splendide exécution de ses doigts, suivant une technique harmonieuse dont il admirait l’assurance …… il se concentrait sur les bruits auxquels d’habitude on ne prête pas attention … ou le vulgaire sifflement métallique d’une fermeture Eclair.… Souvent il comptait les objets et les sons qui l’entouraient …Tout cela donnait à ses mouvements quotidiens une allure d’acteur ou d’animal africain.… Il était clair que pour lui, cette vie minutieuse lui permettait de retrouver un certain équilibre – ce centre de gravité qui manifestement avait fini par lui manquer.
MAIS :
– Pleine conscience, morne plaine ?
– Non, mais quel luxe que de pouvoir contempler ses faits, ses gestes, son environnement et les penser ! Quel luxe que de pouvoir dédicacer un temps, un espace, loin du front de crise, à faire retraite, à suspendre l’action de (sur)vie et la regarder en face à face, la découvrir par le biais ( la dévoiler ), à l’entendre par l’entremise d’un autre regard, d’une autre voix, d’une écriture …
– My therapist is rich !!!
– Psychiatrie sociale versus psychiatrie des profondes élites ….
– Aux larmes, aux âmes, etcetera …